GVINO - Dr Jean Ford Figaro répond le député Jerry Tardieu


Dr Figaro répond au député Jerry Tardieu.

               Boston, 4 mai 2019
 
     Je me permets en ma qualité de citoyen de la patrie commune de répondre à votre lettre à la nation, publiée en date du 2 Juin 2019 dans les colonnes du journal Le Nouvelliste, ayant pour titre « J’accuse ». En tout premier lieu, je regrette que vous n’ayez pas choisi pour l’édification des plus jeunes ou des étudiants de mentionner Emile Zola, sur qui vous aviez paraphrasé le titre de votre texte. Dans un article intitulé « J’accuse", qu’il avait publié le 13 janvier 1898 en première page du quotidien parisien, L’Aurore, sous la forme d'une lettre ouverte au président de la République, il accusait le gouvernement de l’époque d’antisémitisme dans l’affaire Dreyfus. Contrairement aux théories accusatrices et conspirationnistes selon lesquelles l’exécutif serait seul responsable de la gestion de la cité, vous seriez d’accord avec moi que le Parlement a un rôle déterminant à jouer du fait de la place qu’il occupe dans le fonctionnement et l’activité de l’Etat. Il jouit en outre d’une légitimité juridique, politique et sociale renforcée par sa fonction de représentation des populations. En conséquence, le partage de la réussite ou de l’échec est collectif.  
 
     Honorable Tardieu, souffrez que je vous rafraichisse la mémoire que depuis plus de trois ans, vous n’êtes plus un simple citoyen. Vous aviez demandé et obtenu un mandat comme député du peuple sous l’égide de la constitution amendée de 1987 qui vous place au sein d’un autre grand pouvoir, le législatif, dans laquelle vos prérogatives sont clairement élucidées: voter les lois et contrôler l’action gouvernementale. Vous vous plaignez alors que vous êtes l’un des responsables de la débâcle de la République. Dans l’oeuvre magistrale de Montesquieu, Esprit des lois, il a relaté ce qui suit « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ». Par ces rappels, l’entrepreneur métamorphosé en homme politique et probablement un éventuel candidat aux prochaines élections présidentielles devrait lui aussi s’accuser pour les raisons sous-mentionnées…
 
    Pour autant votre communication passe, me parait-il, à coté des problèmes fondamentaux auxquels sont confrontés la nation, vos intentions de tout culpabiliser au chef de l’état, Jovenel Moise, ont soulevé les inquiétudes les plus légitimes des citoyens haïtiens dont je suis l’un des premiers interlocuteurs. Le système politique adopté par le pays depuis plus d’une trentaine d’années reconnait que la barque nationale est gérée par les trois branches de l’état, pouvoir Exécutif, législatif et judiciaire, chacun en ce qui le concerne. Il ne saurait y avoir d’un pouvoir exécutif failli sans l’effondrement des deux autres.
 
      Dans l’introduction de votre texte, vous avez accusé le chef de l’état « d’avoir cautionné la gabegie administrative et les dérives financières qui ont creusé le déficit et causé la déroute économique et financière actuelle.» Je me demande si le contrôle parlementaire se fait par des shows médiatiques ou par l’exercice souverain de votre fonction au sein de votre assemblée et des commissions. Il ne serait pas superflu de rappeler depuis votre arrivée à la tête de la Commission spéciale de l'amendement constitutionnel de la Chambre basse, que votre seule préoccupation n’est autre que celle de reformer la Carta Magna, oubliant le reste de vos obligations législatives. Une initiative que vous aviez embrassée comme votre cheval de bataille politique au détriment des réalités culturelles et politiques actuelles du pays. Ils sont légions ceux qui vous accusent de vouloir revenir avec un système dictatorial ou présidentialiste, un cycle de mauvais gout bouclé dans l’histoire récente de la République.
 
      Si vous parlez des échecs du chef de l’état, qu’en sera-t-il des vôtres? de l’avis presqu’unanime des journalistes accrédités au parlement et de plusieurs articles de presse parus dans le Journal Le Nouvelliste, cette législature à laquelle vous appartenez se trouve à la tête de la liste des plus improductives, tapageuses et corrompues de l’histoire de la chambre basse. Il faut dire aussi Mr le député, au peuple haïtien, les démarches que vous avez effectuées pour palier à la crise du dollar, le problème de la corruption, de l’insécurité et de la bonne gouvernance. Il ne suffit pas d’écrire mais de jouer votre partition afin de forcer le président de remplir son devoir régalien dont il est garant de la bonne marche de institutions de l’état.
 
   Vous êtes en fin de mandat, force est de constater que vous avez échoué tant par votre fonction de légiférer que par celle de contrôler l’action gouvernementale. Combien de propositions de lois avez-vous présentées? Combien d’entre elles sont votées par votre assemblée? Comment avez-vous exécuté votre prérogative de contrôle? Autant de questions qui vous paraitront très hasardeuses et difficiles de répondre. Je suis en effet un tantinet agacé de vos différentes lettres par le moyen desquelles vous tentez de vous faire voir comme un puritain et vous débarrasser de vos responsabilités. Vos excuses se succèdent pour justifier vos lacunes et faiblesses dans votre noble tache. C’est tout simplement énervant voire décevant de constater cette attitude negationiste et de Ponce Pilate par vous, qui étiez aux commandes d’un bloc important (GPEP) et qui tentiez à deux reprises de présider la chambre basse.
 
Dans l’optique de la contribution du parlement au bonheur, progrès et développement du pays, soyez convaincu Honorable député, que votre bilan est aussi anémié et critiqué que celui du président de la République. Vous et votre législature auront démérité du déshonneur et de la réprobation de toute une population. C’est avec raison que votre institution est des plus avilies et impopulaires du pays. Voilà pourquoi, je vous lance un appel fort et solennel pour vous demander de cesser d’accuser le président sans vous accuser au préalable. Vous comprendrez que vos mandants et le peuple haïtien sont atterrés par tant de légèreté, d’insouciance et d’irresponsabilité. Je termine en répétant Emile Zola dans sa lettre « J’accuse », Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme.
 
Dr Jean Ford G. Figaro
Citoyen engagé

© GVINO Port-de-Paix Haïti

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